Matières plastiques

Boucler la boucle des plastiques

Des smartphones aux bicyclettes en passant par les matelas, les isolants, les panneaux solaires ou les équipements médicaux vitaux, les plastiques ont des propriétés exceptionnelles et polyvalentes qui améliorent notre qualité de vie et réduisent notre consommation d’énergie. Pourtant, nous ne pouvons nier que les matières plastiques subissent un flot de critiques dans le débat public et que trop de déchets plastiques finissent encore dans l’environnement. S’il y a un endroit où les plastiques n’ont pas leur place, c’est bien dans nos forêts, sur nos berges, dans nos rivières et nos océans.

Les plastiques ont des propriétés exceptionnelles et polyvalentes qui améliorent notre qualité de vie et réduisent notre consommation d'énergie.

Devons-nous dès lors rejeter les plastiques en raison de leur caractère non durable ? Sommes-nous sûrs que tout substitut présente réellement un impact environnemental moindre ? Ne devrions-nous pas plutôt nous concentrer sur des efforts supplémentaires pour éviter que les matières plastiques ne se retrouvent dans l’environnement, tant en Belgique qu’au niveau mondial ? Et sur le développement de nouvelles technologies et infrastructures de recyclage pour faire des plastiques les pionniers d’une économie circulaire ?

Les matières plastiques, fournisseuses de solutions

Commençons par le commencement. Le « plastique » est un terme générique qui désigne une très large famille de matériaux. Tout comme le métal est un terme générique qui désigne le fer, le cuivre, le zinc, le cobalt, l’aluminium, etc. À l’instar des métaux, chacune de ces matières plastiques possède des propriétés uniques et différentes, en fonction de leur structure chimique, de leur conception ou de la combinaison avec certaines substances qui sont ajoutées pour rendre le plastique plus souple, plus léger, plus coloré ou plus résistant à la chaleur.

Contrairement aux métaux qui se trouvent naturellement dans la croûte terrestre, la plupart des matières plastiques sont fabriquées par l’homme. On dit qu’elles sont synthétiques, à l’exception de certains biopolymères. Depuis leur découverte au début du siècle dernier, les plastiques sont utilisés dans un très large éventail d’applications. En fonction de la demande des consommateurs, la composition chimique a été adaptée pour répondre de manière optimale aux nouveaux besoins sociétaux.

Propriétés polyvalentes, applications diverses

Les plastiques remplacent souvent des matériaux rares comme le cuivre dans les tuyaux, ou, dans de nombreux cas, ils constituent une alternative plus durable aux matières premières naturelles comme l’ivoire ou le coton. Les matières plastiques sont également beaucoup plus légères que des matériaux comme l’acier ou le verre, ce qui contribue à réduire l’empreinte carbone dans les secteurs de l’automobile ou de l’emballage. Elles constituent également un substitut approprié aux matériaux préoccupants tels que le plomb dans les conduites d’eau.

Les plastiques sont également d’excellents isolants électriques et sont donc largement utilisés comme gaines pour les câbles électriques.

Ils sont aussi très performants en matière d’isolation thermique et les plastiques utilisés dans les produits de construction permettent de réduire les émissions de CO2 dans une proportion bien supérieure à celle émise lors de leur fabrication. Grâce à leurs excellentes propriétés barrières, ils sont très demandés dans les applications médicales, stériles ou dans l’emballage alimentaire, où ils contribuent à prolonger la durée de vie des aliments. Dans le domaine des énergies renouvelables, ils jouent également un rôle important, en augmentant l’efficacité des panneaux solaires et des éoliennes en permettant, par exemple, d’augmenter la solidité et la longueur des pales.

Pour toutes ces applications, les plastiques offrent des solutions pour contribuer à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Pas surprenant dès lors que ces matériaux soient si largement utilisés. La Belgique est ainsi devenue l’un des plus importants centres de production en Europe de nombreux polymères et pour la transformation avancée des matières plastiques.

Non aux déchets plastiques dans la nature !

Où le bât blesse-t-il ? Après l’utilisation, mais parfois aussi pendant la conception d’un produit. À une époque où la surconsommation est reine, les dangers liés à la montagne croissante de déchets et la nécessité de leur recyclabilité ont longtemps été mis entre parenthèses. Aujourd’hui encore, trop de matériaux précieux finissent dans les déchets résiduels, ou pire, rejoignent les décharges sauvages. En Europe, en moyenne, un quart de tous les déchets plastiques sont encore mis en décharge. Fort heureusement, cela n’est plus autorisé dans notre pays.

Cependant, une grande partie de la population mondiale ne bénéficie pas d’un système correct de collecte des déchets tel que nous le connaissons ici. C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprises de la chaîne du plastique se sont engagées dans « The Alliance to End Plastic Waste ». En collaboration avec les communautés locales, cette initiative investit dans la collecte, le tri et le recyclage des plastiques usagés, notamment dans les pays où les besoins sont les plus criants. En empêchant les déchets plastiques de se retrouver dans la nature, nous nous attaquons au problème des « continents » de plastique et des microplastiques à la source. 

Le secteur prend des mesures

Sector Initiative

Un aspirateur innovant élimine la pollution historique de granulés de plastique dans le port d’Anvers

En Belgique, tous les gestionnaires d’emballages contribuent à l’élimination des déchets plastiques et autres par le biais d’initiatives telles que « BeWapp » et « Mooimakers ». Fost Plus mise pleinement sur la collecte sélective des déchets PMC, y compris à l’extérieur du domicile, comme dans les gares, les aéroports mais aussi dans les entreprises. Les producteurs et transformateurs de matières plastiques prennent également des mesures. Afin d’éviter que les granulés de plastique ne finissent accidentellement dans l’environnement, les entreprises s’engagent dans le programme international Operation Clean Sweep (OCS). Il s’agit d’une initiative volontaire qui, moyennant une combinaison de mesures préventives et curatives, vise à éviter que les granulés de plastique ne soient accidentellement rejetés dans l’environnement pendant la production, le stockage, la transformation ou le transport.

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Sector Initiative

Ensemble avec Valipac sur la voie de la traçabilité et du recyclage à 100 % des emballages plastiques industriels

Pendant trop longtemps, les déchets d’emballages plastiques européens, tels que les films usagés, ont également été en Asie du Sud-Est pour y être traités. La motivation sous-tendant cette filière était économique. La critique justifiée de certaines pratiques douteuses a conduit l’industrie belge à prendre ses responsabilités. Valipac, l’organisme de gestion des déchets industriels, a été le premier en Europe à réussir à inventorier et à recenser en détail l’exportation des déchets d’emballages plastiques industriels. Qu’en est-il ressorti ? En aucun cas, la totalité des déchets plastiques n’est transportée en Asie ou en Turquie.

Les plastiques dans une économie circulaire

Mais les ambitions sont plus élevées. Dans une économie circulaire, nous devons viser une traçabilité de 100 % et un recyclage maximal en Europe. Le plan d’action européen pour l’économie circulaire a un double objectif : utiliser moins de nouvelles matières premières et limiter la consommation d’énergie. Étant donné que nous ne disposons que d’une quantité limitée de matières premières en Europe, il est important de préserver la valeur de ces matières le plus longtemps possible avec la meilleure qualité possible.

Le plan d'action européen pour l'économie circulaire a un double objectif : utiliser moins de nouvelles matières premières et limiter la consommation d'énergie. Étant donné que nous ne disposons que d'une quantité limitée de matières premières en Europe, il est important de préserver la valeur de ces matières le plus longtemps possible avec la meilleure qualité possible.

Dans ce cadre, il ne s’agit pas seulement de recycler les matériaux issus des déchets, mais aussi d’utiliser des matières premières alternatives, renouvelables ou circulaires, de réduire l’utilisation des matériaux en général et de réutiliser les objets autant que possible. C’est précisément à ce niveau que le grand avantage des plastiques entre en jeu. En effet, ce sont des matériaux extrêmement performants et en même temps extrêmement légers. De quoi obtenir un résultat maximal avec une utilisation minimale de matériaux. Il suffit de penser aux matériaux légers et résistants qui équipent les voitures ou les avions pour en diminuer la consommation.

Renforcer le taux de recyclage

Bien que ces avantages soient souvent reconnus, les matières plastiques souffrent toujours d’un problème d’image persistant et sont devenues pour beaucoup un symbole de la « société du tout jetable ». Pourtant, le recyclage des plastiques dans notre pays a augmenté de plus de la moitié au cours des 15 dernières années, mais comme ailleurs en Europe, le taux de recyclage global stagne autour de 30 à 35 %. En effet, ce taux n’atteint pas ceux du papier ou du verre.

Cependant, il convient de comparer ce qui est comparable. La diversité des plastiques et la multiplicité des applications sont beaucoup plus grandes que pour les autres matériaux. Quatre aspects importants méritent une plus grande attention à cet égard :

  • Pendant trop longtemps, l’accent a été mis sur les déchets d’emballages plastiques et sur les flux de déchets relativement faciles à recycler, alors qu’il existe un potentiel de recyclage plus important.
  • Jusqu’à récemment, seul le recyclage mécanique était utilisé, alors que des nouvelles technologies de recyclage et complémentaires sont désormais disponibles.
  • Les déchets plastiques plus difficiles à traiter ont été exportés principalement vers l’Asie, alors que nous devons renforcer les capacités de recyclage en Europe.
  • L’économie circulaire est encore trop enfermée dans le carcan d’une législation linéaire dans un cadre de pensée orienté vers les déchets, alors que nous devrions penser davantage en termes de matériaux.

Nécessité de nouvelles technologies de recyclage

Sector Initiative

Eco-oh! Beringen construit un centre de recyclage unique pour les emballages en plastique

En Belgique, grâce au sac bleu élargi instauré depuis peu, presque tous les types d’emballages en plastique sont collectés pour être recyclés, comme le sachet de votre salade, le film autour de votre barre énergétique ou le film en plastique de votre pack de softs. Ce point revêt une importance capitale : seul ce qui ne se retrouve pas dans les déchets résiduels peut être réutilisé comme matière première. Cette prise de conscience a également conduit à d’importants investissements dans de nouvelles installations de tri dans notre pays.

Il sera toutefois tout aussi important de recycler non seulement les emballages, mais aussi les autres objets en plastique usagés afin d’éviter autant que possible l’utilisation de nouvelles matières premières. C’est toutefois plus facile à dire qu’à faire. Dans les applications de construction, par exemple, nous parlons d’objets dont la durée de vie se compte en plusieurs décennies. Il se peut qu’ils contiennent certaines substances qui ne peuvent plus être utilisées aujourd’hui ou que la qualité du matériau soit trop détériorée, en raison de son vieillissement, pour être traitée par recyclage mécanique. 

Le recyclage physique et chimique pour augmenter la circularité

Cela ne signifie pas pour autant que nous devons simplement incinérer ces matériaux à la fin de leur vie. Il existe des alternatives plus durables sous la forme de technologies de recyclage émergentes, telles que le recyclage physique et le recyclage chimique. Contrairement au recyclage mécanique, les plastiques ne sont pas broyés, mais dissous ou décomposés pour retrouver leurs constituants de base. Il est ainsi possible de séparer et de recycler des matériaux multicouches, d’éliminer les impuretés et les substances indésirables et de transformer les déchets plastiques en matières premières pour la fabrication de nouveaux plastiques ou pour une utilisation dans l’industrie chimique.

Pour concrétiser les ambitions circulaires, il convient avant tout d’assurer un apport continu en matières plastiques recyclées de qualité constante et en quantité suffisante.

Ces deux technologies de recyclage innovantes permettent de recycler les plastiques usagés qui sont actuellement considérés comme « non recyclables ». Ce recyclage conduit à un niveau de qualité élevé, équivalent à celui des matériaux vierges ou des matières premières primaires. Par conséquent, ces plastiques recyclés peuvent être utilisés dans des applications qui doivent répondre aux normes strictes de sécurité et de qualité, comme des emballages alimentaires ou des applications médicales. 

Autrement dit, il s’agit d’un recyclage de qualité. Cette qualité est décisive pour les transformateurs de plastique afin d’imposer l’utilisation du recyclat à grande échelle et, en même temps, de continuer à se conformer aux réglementations européennes de plus en plus strictes imposées sur les produits. Pour concrétiser les ambitions circulaires, il convient avant tout d’assurer un apport continu en matières plastiques recyclées de qualité constante et en quantité suffisante.

Vers un centre européen du recyclage

Le recyclage chimique permet également de maintenir à l’intérieur des frontières européennes des flux de matières complexes tels que les déchets plastiques mélangés, qui sont aujourd’hui souvent exportés vers d’autres continents pour être recyclés en générant une faible valeur ajoutée. Le but est de les valoriser ici. Afin d’y parvenir en respectant les impératifs de rentabilité économique, il sera crucial de créer une échelle de grandeur suffisante. Cette condition impose un transport aisé des déchets plastiques entre les différents États membres de l’Union européenne.

La Belgique est particulièrement bien positionnée pour jouer un rôle clé à la faveur de sa situation centrale, ses importants ports d’approvisionnement, son pôle chimique et sa forte concentration de spécialistes en plasturgie. Parallèlement, il est aussi important que les autorités reconnaissent le recyclage chimique comme une technique de recyclage à part entière, complémentaire au recyclage mécanique, et qu’elles prennent en compte cette technologie dans les taux de recyclage et dans la déclaration de la part des plastiques recyclés utilisés dans les nouveaux articles.

Un autre défi déterminant réside dans le recyclage des « thermodurcissables », qui ne peuvent être traités par recyclage mécanique. Des entreprises belges sont à la pointe du développement de nouvelles technologies de recyclage des mousses de polyuréthane. En combinaison avec le nouveau système de collecte et de traitement des vieux matelas, Valumat, l’industrie plastique belge détient les atouts pour se positionner sur l’échiquier du recyclage des thermodurcissables comme leader dans la circularité de ces matériaux.

Cadre juridique adapté : les déchets deviennent matériaux

L’économie circulaire implique un changement de paradigme : nous passons des déchets aux matériaux. Auparavant, nous nous inscrivions dans une logique de recyclage et de prévention des déchets. Dans une économie circulaire, il s’agit d’éviter l’utilisation de nouvelles matières premières et d’incorporer des matériaux recyclés aux nouveaux produits. En d’autres termes, nous devons nous éloigner d’une logique axée sur les déchets et ciblant le taux de recyclage pour nous orienter vers des écosystèmes dans lesquels les cycles des matériaux sont centraux et la préservation des matières premières, la nouvelle référence.

Nous devons nous éloigner d’une logique axée sur les déchets et ciblant le taux de recyclage pour nous orienter vers des écosystèmes dans lesquels les cycles des matériaux sont centraux et la préservation des matières premières devient la nouvelle référence.

Une telle évolution nécessite également un cadre juridique adapté. L’utilisation du recyclé est encore trop souvent entravée par les lois, normes, spécifications ou cahiers des charges actuels qui, dans de nombreux cas, interdisent encore l’utilisation du recyclé de plastique. Si le matériau récupéré répond aux mêmes impératifs techniques et de qualité que les matières premières vierges, il n’y a aucune raison de ne pas lever cet obstacle.

Des choix de matériaux objectifs

Lors de la conception d’un produit, on accorde aussi parfois trop peu d’attention à l’impact du design, aux combinaisons de matériaux, aux choix de couleurs et au démantèlement en fonction du recyclage et de la réutilisation de ces matériaux après leur utilisation. Une collaboration accrue et un meilleur flux d’informations tout au long de la chaîne de valeur industrielle, du producteur au transformateur de déchets, seront incontournables pour concevoir, fabriquer, réutiliser et recycler des matières plastiques durables et des produits circulaires. Cette approche permettra de choisir les matériaux les plus durables en toute objectivité, sur la base d’analyses du cycle de vie qui évaluent l’impact environnemental des différents matériaux tout au long de leurs cycles de vie.

Les matières plastiques sont des matériaux précieux, indispensables à notre qualité de vie. Grâce à l’isolation et aux matières plastiques légères, nous rendons nos bâtiments et nos transports plus respectueux du climat. Le recyclage des plastiques est en hausse, mais il peut et doit encore s’améliorer. Le recyclage chimique peut faire partie de la solution, mais il convient aussi de lever les obstacles juridiques à cette solution. C’est ainsi qu’il est possible d’intégrer les matières plastiques à l’économie circulaire.

Key challenges

  1.  Support or partner up with initiatives that efficiently prevent the loss of plastics in the environment.
  2. Plead for a zero plastics to landfill policy on a global level to achieve 100% recovery of plastic resources.
  3. Invest in worldwide collecting, sorting and recycling to fully integrate plastics in a circular economy.
  4. Innovate in design for circularity and better and various recycling techniques including the upscaling of chemical recycling as complementary to mechanical recycling.
  5. Explain, through the sustainable functions they deliver, the positive contribution of plastic products to the Sustainable Development Goals by helping to save energy, save water, save lives and prevent food waste.